Un petit mot champêtre, encore, aujourd'hui: parlons de la chèvre. Souvent méconnue, c'est un animal idéal pour une exploitation à visée autarcique. Selon a race, elle se satisfait en effet parfaitement d'une ration "grossière", c'est à dire de verdure et d'un complément en légumes et fourrages/grains.
Evidemment, elle n'est pas parfaite: si vous ne la clôturez pas finement, vous pourrez dire adieu à toutes les plantes qui croiseront son chemin: gourmande, mais aussi gourmet, elle saura très bien préférer vos tulipes aux buis, pourtant juste à côté...
Pour ma part, j'en ai eu assez des "fuites de chèvres" qui mettaient fin à toutes mes cultures. Aujourd'hui, Gloria est équipée d'un collier en cuir et d'un magnifique câble pour molosse "anti-étranglement", avec amortisseur (ressort) et système anti-entortillement (anneau qui tourne pour éviter que la chaîne ne s'emmêle).
Elle pâture donc la journée sur les ronces et les orties, et le soir elle regagne le box, d'où elle peut accéder à un peu de verdure dehors.
D'ici à cet hiver, nous lui construirons un bel enclos dans le hangar, où elle pourra s'ébattre à l'abri, quand les températures seront en dessous de zéro au dehors.
Les soins à donner à une chèvre sont donc minimes:
- pas d'humidité stagnante, ce qui veut dire un abri sec avec une bonne litière, et pas de stationnement dans la gadoue ou sous la pluie battante... une chèvre n'est pas un yak ou un shetland!
- du fourrage vert à volonté... et du complément (foin, légumes, un peu de grain) en cas de lactation ou pendant l'hiver;
- de l'eau fraîche à disposition, un bloc de sel...
- beaucoup de patience: une chèvre est pire qu'un petit chien! ...enjouée, gourmande, têtue, il y a vraiment de quoi "péter un câble" quand vous la changez de place, et qu'elle décide -exprès- d'aller à l'opposé...
Une chèvre peut être présentée au bouc quand elle a 7 mois. Après une grossesse de 5 mois, elle met au monde de 1 à 3 chevreaux. Normalement, elle gère l'opération seule... 1 fois sur 10 environ, elle peut avoir besoin d'aide: il s'agit d'aider le chevreau à se positionner, puis soutenir l'effort de la maman pour le faire glisser.
Quand elles sont en groupe, le premier né, négligé par sa mère quand il tombe à terre, est léché et accueilli par tout le troupeau! Une fois la mise-bas terminée, la mère s'occupe de ses petits.
Un chevreau est sevré (en élevage industriel) quand il fait 7 kilos... Je vais sûrement me faire des ennemis, et passer pour une barbare, mais pour moi, il vaut mieux tuer un chevreau pour prendre le lait de sa mère, plutôt que de le nourrir avec des protéines de blé/soja/lait de vache... ou je ne sais trop quoi...
Si on pense que le lait est ce qui permet la croissance optimale et le plein développement du jeune animal, je veux n'avoir chez moi que des animaux bien formés et développés... Plutôt que de passer des heures à nourrir au biberon des petits qui ne profitent pas, pour récupérer tout le lait de leur mère, et une viande médiocre... j'utilise une autre méthode. Evidemment, celle-ci convient à un éleveur "amateur" qui préfère la qualité à la quantité. L'industrie ne pourrait s'en satisfaire...
Si le petit est une femelle, il faut réfléchir: va-t-elle être gardée pour remplacer sa mère? Sa mère était-elle une bonne laitière? Faisait-elle beaucoup de petits? Les faisait-elle facilement?... Si toutes les réponses sont "oui", alors la petite chevrette peut être gardée. L'idéal est de ne garder qu'un petit par mère, ce qui permet d'avoir un peu de lait "en rab" pour la consommation de la maison. Si la mère est excellente, il est possible d'en garder plus.
Si par contre une des réponses est "non", ou que le petit est un mâle dont la mère n'est pas exceptionnelle, il est plus intéressant d'en faire du chevreau rôti. C'est cruel mais c'est comme ça... je laisserai donc tout le lait qu'il lui faut, jusqu'au poids fatidique de 10-12 kilos, où il sera abattu pour être mangé. Le lait de la mère continuant à venir, elle sera traite normalement. De temps en temps, il faut garder un petit bouc, issu d'une mère de qualité, pour échanger avec un autre bouc (éviter la consanguinité tout en sélectionnant le meilleur)
D'ailleurs j'aimerais tordre le coup à cette image du bouc irracible, méchant comme une teigne, sale et qui pue...
Un bouc est "en lutte" une bonne partie de l'année, ce qui veut dire qu'il est "en rut". A ce moment, il asperge le sol autour de lui d'une urine qui sent très fort: il annonce à toutes les chèvres qu'il est prêt à "faire son boulot". Il a même la drôle de manie (pas très ragoûtante) de goûter sa propre urine... comme s'il avait un doute sur sa virilité. *rire* Un bouc, aussi viril soit-il, qui vit normalement, c'est à dire au grand air, sent juste "le bouc". Il sent fort "le mâle", mais rien de plus. Il ne sent pas l'urine. Il ne sent pas horriblement mauvais. Au plus fort du rut, on peut lui dire "mon bonhomme, tu sens le mâle". C'est tout!
Et concernant le caractère, ça dépend des individus! Evidemment, l'industrie fait de l'insémination artificielle, et se moque bien du caractère des boucs... Mais j'ai eu à la maison un amour de bouc, câlin et rigolo, qui n'était pas plus agressif qu'un canari... Il avait peur des cris et n'était prêt à combattre que si ses femelles étaient en danger. Il venait pour se faire étriller avec la brosse du cheval... Et Matou n'est pas le seul dans ce cas: les boucs gentils existent, ils ne sont pas rares...
Le soucis principal avec les chèvres? Elles sont adorables, attachantes, collantes... bref les abattre est un vrai déchirement!
Vivre avec elles demande un peu d'organisation (chaîne qui ne lâche pas pour éviter de vous faire tondre le potager... rentrer/sortir en fonction du climat), mais ce sont des animaux à la fois faciles à vivre et rustiques, qui fournissent lait et viande contre des "mauvaises herbes" dont ils vous débarrassent! Que demander de mieux?... Elles sont un élément indispensable de toute ferme de plus d'un hectare, qu'elles nettoient; ainsi elles permettent de rentabiliser le moindre espace au maximum (pas de déchets de taille ou de débroussaillage).
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