lundi 11 avril 2011

Le couple, la famille, le clan… des notions dépassées ?

Ce matin, drame personnel d’un collègue de bureau. Après plusieurs années de mariage, la naissance d’une belle petite fille… il a suffit de quelques messages facebook d’un ex « premier amour » pour que tout chavire. Mensonges, divorce, bataille sur les biens du couple, et évidemment déchirement concernant la petite. Je lui souhaite du fond du cœur autant de courage et de chance qu’il pourra utiliser.



Au-delà de la douleur que provoque cette situation, elle interroge aussi sur ce qu’est le couple aujourd’hui.

N’étant pas chrétienne convaincue (loin de là), ce n’est pas pour moi une cellule « reproductrice » qui vise uniquement à multiplier l’humanité… (elle est déjà bieeeeen assez nombreuse à mon goût…)

Malgré tout je ne peux imaginer un couple avec enfant(s) qui ignorerait ses responsabilités face à ces jeunes humains… encore incapables de survenir à leurs besoins…
Un couple, pour moi, est l’union de 2 personnes (de sexe différent ou du même sexe, peu importe). Ces personnes s’aiment (tout simplement !) et veulent vivre ensemble, et construire leur vie à 2. Si les 2 ne font pas « tout ensemble », elles souhaitent construire un « projet commun » ; les enfants sont une partie naturelle de ce projet. (Et il ne me choquerait pas qu’un couple homosexuel adopte des enfants : qu’est-ce qui est mieux ? …des enfants abandonnés dans une institution, ou des enfants avec des parents « un peu bizarre » ??... On n’a jamais demandé leur avis aux enfants, par contre les psychologues farcis de belles théories d’Untel ou de Machin ont bien posé leurs marques sur la loi… en fait personne ne sait comment des enfants vivraient cette situation… Bref, c’est un autre débat…)
Si le couple a des enfants, tout de suite les responsabilités changent. On ne parle plus uniquement d’adultes responsables, mais aussi de petits humains qui nécessitent des soins… Incapables de subvenir à leurs besoins, ils ont absolument besoin de l’amour et des soins des adultes. C’est (dans la nature) le rôle des parents. Si certains animaux laissent la mère, seule, assumer l’élevage des petits, les humains vivent dans un monde « à eux », bien à part. Les difficultés financières, sociales, temporelles… rendent l’élevage des petits « à deux » nécessaire, si ce n’est indispensable, pour être mené correctement.  Il est donc de la responsabilité des DEUX parents d’élever leurs petits.

La famille, ça serait donc la réunion de tous les niveaux d’enfants, de parents, de cousins…
En réalité, avec les diverses séparations, les remariages, etc etc… la famille est un ensemble de personnes qui sont liées par le sang et l’affection (surtout !) : un enfant adopté est tout autant l’enfant de ses parents que celui qui est issu de leur sang.
La famille, c’est donc le rassemblement de ces « responsabilités » mutuelles, liées par l’amour, l’affection, la confiance. Ce que je dis peut sembler « bisounours », mais qu’est-ce qui engage les gens à prendre soin les uns des autres ? Pourquoi les parents s’occupent-il de leurs enfants ? Pourquoi les plus jeunes s’occupent-il des aînés devenus trop vieux pour subvenir à leurs propres besoins seuls ?

Ah, oui, j’oubliais ! Dans la société actuelle, on ne s’occupe plus de « ses vieux ». Ils sont placés en maison de retraite (alias « mouroir »), afin d’écouler les derniers jours de leur vie sans gêner le rythme de vie trépidant de leurs puinés…
Dans un monde « apocalyptique », retourné « à l’âge de pierre », sans pétrole, sécurité sociale, ni maison de retraite, les « vieux » retrouveraient leur place normale dans la société : ils sont les gardiens paisibles des enfants et de la maison ; ils sont une source de sagesse et de savoir (artisanal ou historique)… Bref ils sont tout sauf un poids pour la société !

Quand je pense « petit vieux », je pense toujours à mon grand-père, personne autonome s’il en était. Se sentant devenir trop vieux, il a préféré se suicider plutôt que de devoir être placé en maison de retraite… comme un croulant…
Mon regret et ma culpabilité, c’est de ne pas avoir eu le temps de l’inviter chez nous [ma maison et celle de mon compagnon] : nous voulions lui installer un « studio » en rez-de-chaussée, et lui laisser sa liberté d’aller et venir à sa guise, bref, son autonomie ; ses lapins (en l’aidant en cueillant de la verdure pour lui), ses poules pour les œufs, son chien… tous étaient les bienvenus avec lui.
Tout ce que j’aurais voulu « en échange », c’est sa présence, et sa participation tranquille aux travaux de ferme qu’il appréciait tant…
Mais (avant que nous n’achetions la maison, mon compagnon et moi) nous avons fini la barrique de cidre tous les deux devant un bon repas… A l’automne, il s’était tué, sans donner aucun signe avant-coureur. Je n’avais eu le temps de rien…

Donc je veux souligner l’importance des personnes âgées : comme disent les viking « un homme mort ne sert à rien, un éclopé ou un vieillard rendent service à la communauté ». Il n’y a aucune honte à ne pas être Superman, tant qu’on se rend utile aux autres.

Par extension, le clan, c’est le groupe familial étendu, ou même plusieurs familles amies.
La notion de clan est un peu celle d’un petit village, celle de gens qui vivent proches les uns des autres ; ils se connaissent et s’entraident…
Tout comme les « vieux » sont aujourd’hui délaissés car « pas le temps de s’occuper d’eux », la notion de clan semble totalement ignorée. La cohésion ? Une illusion d’idéal. L’entraide ? Uniquement si elle peut rapporter un avantage…

Si on considère toutes les hypothèses auxquelles les survivalistes/preppers/… se préparent, on réalise très vite que l’entraide est indispensable.
Nos ancêtres, sans facilités telles que les nôtres, n’ont survécu que parce que l’entraide était nécessaire. Peut-être, d’ailleurs, n’était-elle pas auréolée de gloire comme aujourd’hui… être aidé signifiait qu’il fallait rendre le bien qui nous avait été fait… plus le bien était grand, plus on était « endetté » envers la personne ou le groupe ; mais on était en vie ; on était lié aux autres.
Aujourd’hui, c’est (vulgairement) « chacun pour la gueule » (« et le Bon Dieu pour tous » comme dit l’expression).
WTFHTF*, il faudra s’entraider pour vivre, ou même tout simplement survivre… S’il n’y a plus de pétrole, d’électricité, de commodités modernes… Comment se chauffer, se préparer à manger, ou même trouver à manger ? … Les plus « faibles », les personnes âgées et les enfants, seraient les premiers à souffrir de cette situation extrême. Sans « vieux », pas de mémoire, sans petits, pas d’avenir…

Si on prend tout simplement une grosse tempête hivernale, qui fait péter les conduites de desserte d’eau, tomber les fils électriques et téléphoniques, et empêche les commerces d’être alimentés, que se passe-t-il ? …
On a un petit retour quelques siècles en arrière.
La majorité n’étant préparée en rien (pas de réserve alimentaire, de chauffage d’appoint non électrique, d’accès à l’eau, etc etc…), il n’y a que l’entraide qui peut les aider. Ceux qui se sont préparé ont alors intérêt à être drôlement zen, généreux, et préparés (!!!) pour aider les voisins… Il leur faut encore plus de nourriture pour pouvoir en dépanner ; s’ils ont un petit poêle à bois qui rouille dans le garage, ils aident la famille avec un enfant en bas-âge ; ils avancent le bois avec… etc etc…

Si on imagine une crise à plus long terme, là, ça devient carrément critique : les quelques personnes préparées ne pourraient pas assumer « tout la misère du monde »… Le clan deviendrait la cellule de base de l’entraide : au sein du clan, les choses sont « gratuites » en attendant un retour futur…
A l’extérieur, on parle de commerce ; on attend un retour en nature ou en service, mais de façon beaucoup plus contractuelle : on se met d’accord dès le début sur la nature de l’échange.



Toutes ces notions d’entraide, de responsabilité, de générosité… mais aussi de dureté (celui qui est hors du clan se débrouillera seul si on ne peut pas l’aider sans se mettre en danger), semblent totalement absentent du monde d’aujourd’hui.
Tout le monde fait « pour soi ».
L’enfant est presque un produit pour les parents, un acteur de consommation pour la grande distribution, une situation anormale de l’adulte pour certains médecins…
La famille ? C’est un point d’ancrage pour les extrémistes (religieux…), sinon c’est un moyen publicitaire…
L’entraide « gratuite » entre voisins, collègues, ou autres ? Une illusion, ou pire, un piège ! Toute personne qui vient aider est forcément suspecte. Au contraire, ne pas aider ostensiblement « n’importe qui » est mal vu : mais quelle est cette personne qui se permet de juger ainsi qui elle veut aider ?…
Comme toujours le monde marche sur la tête !

Étant survivaliste, je fais attention aux risques de la vie de tous les jours, je me prépare tranquillement à la fin du pétrole accessible (olduvaï), et j’essaie d’atteindre une auto-production (au moins alimentaire) qui me donnera un certain confort.
Je sais déjà qui j’aiderai malgré son absence de préparation, et qui je laisserai « la gueule ouverte ».
Ceux qui, alors qu’on débarquait, jeune couple dans un village reculé, nous ont accueilli, aidés même, avec leurs faibles moyens, ils seront les bienvenus quelle que soit la merde dans laquelle la civilisation serait plongée ; je ne dirais pas que j’irais les chercher « jusqu’en Enfer », mais c’est l’idée ; je sais qu’ils feraient pareil pour moi et les miens.
Ceux qui ont retenu leur « bonté », en allant jusqu’à mentir pour ne pas aider alors que l’aide ne leur coûtait rien… ils pourront rester avec eux-même.
En cas de crise, je ne veux pas de poids, de boulets, d’égoïstes qui même dans le confort, n’aident pas leur voisin dans le besoin. Je préfère un petit vieux qui se déplace à 2 à l’heure, un bébé qui braille, ou autre : tant qu’ils ont la volonté d’aider (par exemple les parents du bébé en question *rire*), ça me va.
Les autres, niet, dehors !

Cet état d’esprit semble « dur » quand on voit le monde de consommation dans lequel on vit. Quoi qu’on veuille, il « suffit » de l’acheter. Les interactions entre personnes sont réduites au strict minimum des besoins commerciaux (ou sexuels, éventuellement)…
Mais quand on parle de survie, on fait appel à des notions très anciennes d’entraide… et l’entraide, ça ne s’échange pas avec n’importe qui, n’importe comment…
Réfléchir à une préparation (face aux risques), c’est une chose, mais on n’est jamais seul au monde. Ce ne serait pas sain, et de toute façon ce serait impossible. Réfléchir à nos relations avec les autres est donc une part de la « préparation aux risques » ; parce qu’un risque, ça peut aussi être une personne (ou un groupe) qui vient lors d’une crise pour vous demander (ou exiger) de l’aide…
J’aborderai le sujet « puant » des « zombies » dans un prochain post… *rire*



*WTSHTF When The Shit Hit The Fan, « quand la merde frappera le ventilateur » en anglais, bref quand une situation vraiment merdique se déclanchera… Acronyme de survie qui désigne une énorme crise type « apocalypse sociale », principalement…

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