lundi 4 avril 2011

The Myst

Ce week-end, j'étais bloquée du dos. J'ai donc levé le pied concernant le jardinage et les travaux de force, et j'ai parfait ma maigre culture filmesque.

J'ai donc regardé The Myst, film tiré d'une nouvelle de Stephen King...


ATTENTION SPOILER

The Myst raconte l’histoire d’un père et de son fils… après une forte tempête qui abime leur maison, ils se rendent au supermarché pour acheter de la nourriture et de quoi bricoler les dégâts (en attendant les réparations des professionnels). Là, ils se trouvent bloqués à l’intérieur par un étrange brouillard. Chimique ? Naturel ? L’armée, les pompiers… tous semblent mobilisés, mais personne ne sait pourquoi.
La peur gagne les gens alors qu’une femme bigote se met à prêcher, expliquant qu’il s’agit de l’Apocalypse.
Lorsqu’un jeune homme est emmené dans le brouillard par des tentacules monstrueux, les quelques témoins ne peuvent en croire leurs yeux. Ils essaient d’expliquer le danger aux autres, mais personne ne veut les croire.
La nuit, les choses empirent alors que des « moustiques » de la taille de chats se posent sur les vitres du magasin. Les lumières les attirent… Et leurs prédateurs arrivent ; ils passent accidentellement à travers la devanture, et prennent goût à l’humain. Une jeune femme est piquée à la gorge par un « moustique » et meurt étouffée…
3 militaires étaient bloqués dans le magasin. 2 d’entre eux se pendent dans l’arrière-boutique, terrifiés à l’idée que les autres personnes ne les pensent responsables : en effet ils étaient au courant d’expériences visant à ouvrir une fenêtre sur une autre dimension. Les monstres dans le brouillard viendraient de là.
La frénésie religieuse est à son comble : le dernier soldat présent est gravement blessé à coups de couteau, avant d’être jeté dehors « en offrande » à la bête.
Le père et son fils, soutenu par un petit groupe, décident de fuir à la nuit tombée. Un agent du magasin leur a préparé des sacs de nourriture près d’une caisse. Mais la bigote veille, et tente de les faire jeter en pâture aux monstres. Elle finit une balle dans la tête.
Le petit groupe s’enfuit alors à travers le parking, où ils perdent quelques membres aux monstres tapis entre les voitures. Ils passent, en partant, devant la vitre du magasin : les anciens dévots de la prêcheuse les regardent avec envie et désespoir.
La maison du père et de son fils est une ruine couverte des toiles des araignées monstrueuses… Le cadavre de la mère y est suspendu… Ils partent alors « aussi loin que leur essence les mènera ». Ils ne traversent que du brouillard et de la désolation : tous les véhicules qu’ils dépassent sont arrêtés sur le bord de la route, passagers morts à l’intérieur, ou manquant…
Une fois en panne d’essence, les 2 hommes du groupe décident d’utiliser une « solution finale ». Terrifiés par les grondements des monstres, invisibles dans le brouillard, tout autour d’eux, ils décident d’utiliser les 4 munitions qui leur restent pour se suicider. Comme ils sont 5, le père se « sacrifie » en tuant les autres, puis reste sans moyen de défense, ni appui humain.
Il sort de la voiture afin de s’offrir comme appât aux monstres. Et au lieu de voir sortir une créature du brouillard, c’est un char, suivi de multiples camions chargés de survivants. Des militaires à pied, en combinaison NRBC, lance-flamment les nids d’insectes autour du convoi.
Il a tout perdu, et a même tué ceux qu’ils aimait, par pur désespoir.



Ce film est pour moi un « modèle » de comportement humain en cas de stress, surtout en groupe :
  • les gens, en groupe, ne réfléchissent pas par eux-même ; ils suivent « l’autorité », il peut s’agir d’un médecin, d’un avocat, et beaucoup plus souvent d’une personne religieuse. Suivre un « guide » leur donne une impression de contrôle, de puissance, de cohésion ;
  • en cas de stress ou de choc, les gens ne pensent plus de façon raisonnable ni constructive. Ils n’ont plus de raisonnement correct (« il se passe ceci parce que cela, je vais donc faire comme ça… »). Ils n’ont pas non plus de comportement de protection (stockage spontanné de denrées alimentaires, de médicaments, d’outils… calfeutrage dans une pièce…)
  • tout individu qui essaie de penser et de raisonner est vu comme un « fou » dangereux » ; à plus forte raison s’il était dans le vrai depuis le début, il devient la personne à abattre car elle dérange l’illusion de société reconstituée à huis-clos ;
  • le désespoir est le pire ennemi lorsqu’on essaie de réagir de façon à survivre à une situation dramatique, d’autant plus si cette situation est incompréhensible ; les gens sont « nez dans le guidon », ils ne voient plus au-delà de leurs réflexes… ce qui mène invariablement dans le mur… Dans le film, les survivants auraient pû siphonner de l’essence sur l’un des multiples véhicules arrêtés au bord du chemin ; ça n’aurait surement pas été pire que de se suicider, surtout qu’il restait quelques munitions. Ils auraient aussi pû chercher un abri « intéressant », comme un autre centre commercial, afin d’avoir des réserves de nourriture, de boisson, de médicament, et pourquoi pas des outils utilisables comme armes… Toutes ces possibilités, ils ne les ont pas vues car ils avaient intégré, inconsciemment ou non, les paroles concernant l’Apocalypse de la bigote.
Même s’il ne s’agit que d’un film, les réactions humains sont plutôt bien dépeintes (comme dans tous les Stephen King d’ailleurs !)

On peut tirer quelques conclusions utiles :
  • si on se retrouve bloqué avec des éléments perturbateurs dans un groupe humain, il vaut mieux, dès que possible, évacuer vers un autre endroit : les gens dont le premier danger en cas d’enfermement de (plus ou moins) longue durée, surtout sous stress ; essayer de les convaincre ne sert à rien : s’ils ne sont pas sensibles à la raison en temps normal, ils le seront encore moins en situation de stress ;
  • en cas de stress, il faut se forcer jusqu’à le faire comme une seconde nature, à stocker un minimum, et plus si possible ; toujours garder sur soi un sac avec le minimum (outil, eau, feu, médocs…) et garder à portée de main un sac de vivres, est une grande aide pour survivre à toute situation (effondrement de l’abri, évacuation d’urgence…) Ce réflexe n’en n’est pas un, il le devient lorsqu’on y pense consciemment ; pourtant il peut sauver des vies ;
  • réfléchir est notre arme majeure en tant qu’humains ; si réfléchir de façon négative peut mener au désespoir (et au suicide, comme dans le film), réfléchir de façon constructive et créative permet de vivre ; la réflexion aurait permis aux gens de se calfeutrer dans des locaux sans fenêtre afin de ne pas attirer les « insectes » du brouillard ; elle aurait tout simplement évité qu’ils ne laissent les lumières allumées (ce qui attirait les insectes, de façon logique) ; les fuyards auraient ensuite pû siphonner de l’essence pour aller plus loin ; ils auraient aussi pû décider de prendre refuge dans un autre commerce (car ils connaissaient la région) afin de s’abriter les monstres, mais aussi d’avoir des réserves ; de plus les armureries sont légion aux Etats-Unis : trouver des munitions n’était qu’une question de réflexion et de volonté…
 
J’avais déjà réfléchi aux « clefs de la survie » d’un point de vue comportemental, mais ce film me les a confirmées :
  • une fois une « situation d’urgence » déclarée, et jusqu’à ce que tout soit redevenu « normal », toujours être prêt ; ceci entend être prêt mentalement (pas de drogue, d’alcool…), mais aussi physiquement (paquetage prêt à être saisi…) Si on ne peut pas être « en alerte rouge » tout le temps, il est important de ne pas baisser sa garde lorsqu’il y a une vraie situation… Être préparé correctement en temps normal (kits prêts à être utilisés) permet de faire face à une situation de crise au plus vite…
  • une tentative de convaincre les autres est le maximum à donner : face à un groupe opposant, il ne sert à rien de perdre son temps à essayer de le convaincre. Il vaut mieux prendre ses cliques et ses claques, du matériel (tant qu’aucun leader ne veut se l’approprier), et dégager ailleurs ; cet endroit précis où vous étiez tous n’est pas forcément mieux qu’un autre, bien au contraire ;
  • dans beaucoup de crises, c’est la trop grande concentration de personnes au même endroit qui provoque les plus grandes pertes humaines : l’absence d’hygiène, les conflits inter-humains, etc etc… Se partager en plusieurs plus petits groupes, chacun dans un abri, est souvent plus adapté ;
  • quelle que soit la situation foireuse dans laquelle vous êtes, qu’elle soit compréhensible ou non… ne désespérez pas ! Si vous êtes encore en vie, c’est une chance ! Ne la gaspillez pas ! Profitez-en pour survivre un maximum. Dans le film, c’est le désespoir de ne jamais en sortir qui les pousse au suicide ; si un jour vous êtes dans une « big deep shit » (« belle grosse merde » en français *rire*), ne vous laissez pas abattre ! L’humain a toujours été une espèce inventive et robuste, c’est ce qui lui a permis d’arriver jusqu’à aujourd’hui.



De façon pratique, que faire en cas de crise ?
Tout dépend de la nature de la crise en question !

Dans le film, la crise n’est pas immédiatement identifiée.
D’abord, le brouillard pourrait être naturel, descendant des montagnes après une grosse tempête.
Rapidement, on pourrait penser qu’il s’agit d’un brouillard chimique, plus ou moins toxique (les gens qui y partent ne reviennent pas, personne n’en sort en tout cas…)
Mais dès qu’on parle du « monstre aux tentacules », le brouillard semble « surnaturel ». Quoi qu’il en soit, il faut estimer les risques réels : d’abord, le brouillard empêche de voir le danger venir ; ensuite, le brouillard dissimule des « monstres » de différentes tailles, du petit « moustique » à l’immense monstre à tentacules.
Connaissant ces risques, il apparaît nécessaire à court terme de se calfeutrer dans un abri aussi solide que possible, avec un maximum de réserves, en faisant le moins de bruit et de lumière. FOMECBLOT donc… (=le plus discret/camouflage possible)
Étant donné qu’il n’y a pas de radio ni de nouvelles institutionnelles, on peut alors se questionner sur la venue d’une aide d’état… Rassembler des armes pour résister à moyen terme devient indispensable.
Si de l’aide ne venait pas, à long terme, il ne faut pas paniquer : une organisation correcte permettrait de cultiver et d’élever de quoi se nourrir, au-delà des boites de conserve ; il faudrait pour cela se déplacer vers des bâtiments de type agricole, les nettoyer des « locataires du brouillard », et les renforcer. Les sorties en extérieur nécessiteraient d’éliminer les créatures les plus petites, et de guetter les plus grandes…
Quoi qu’il en soit, la survie serait possible. Comme je le disais plus haut, les humains sont des survivants.

De la volonté, de l’intelligence, une bonne organisation, voilà les clés de la survie !

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