vendredi 22 avril 2011

L'élevage familial du lapin

(Très inspirée par les lapins, ces temps-ci... *rire*) Comme le titre l'indique, j'aimerais ce matin aborder le sujet de l'élavage familial des lapins... (à l'opposé de l'élevage industriel).




D'abord, la nourriture pour les lapins (domestiques, puisqu'on ne va pas aller nourrir les sauvages)



Si vous écoutez les "pro" (=industriels), un lapin, c'est fait pour manger des granules séchées tout droit sorties d'usines... Ce serait le "seul aliment" tolérable par un animal si fragile (et bla et bla et bla...)

N'importe quoi!!
...Désolée, mais je n'ai pas pu m'empêcher de dire ce que je pense: quel animal au monde est fait pour manger ces espèces de trucs infâmes?! "Équilibré"? Forcément, vu la tonne de compléments chimiques (et pas forcément assimilables) mis dedans... Si vous achetez de tels aliments, vous allez vous ruiner pour -en plus- ne pas donner une vraie bonne alimentation à vos animaux.



Un lapin mange de façon normale de l'herbe, fraîche ou séchée (du foin quoi). Une croyance veut que l'herbe mouillée donne la diarrhée aux lapins... ce n'est pas le fait que l'herbe soit mouillée qui les rend malade, mais une fermentation non contrôlée. Donc si l'herbe est mouillée, pas de soucis pour en donner, mais donnez uniquement ce qu'ils peuvent manger en un temps assez court. Complémentez avec du foin.
Pour faire du foin, pas besoin d'une batteuse et de choses compliquées. Si vous avez accès à de l'herbe, prenez une paire de cisailles ou une faucille (des gants et un bâton, attention aux doigts avec les outils tranchants); choisissez une belle herbe/graminée, soit très jeune et succulente (vous en aurez peu, mais très riche), soit plus grande, souple, de préférence en grain (plus riche en fibre). Vous pouvez ainsi faire du foin "à la carte", pour donner plus de richesse à la ration des jeunes en croissance, et moins aux adultes en entretien...
Ne prenez pas un gazon plein de pesticides! Ça parait évident, mais des traces peuvent rester pendant 2 ans... Préférez un pré ou un bout de votre potager (si vous en avez un). Les bordures de route accumulent les toxiques, leur herbe est donc à proscrire, à moins d'être dans un coin paumé où presque personne ne circule...
L'herbe et le foin liment les dents et donnent du volume à la nourriture, ce qui équilibre le système digestif du lapin. Si vous avez des lapins et qu'ils n'ont jamais mangé que de l'industriel ou du sec, faîtes attention lors de la transition: allez-y doucement, même si l'animal en redemande... Il pourrait faire des diarrhées car, même s'il sent que l'herbe humide lui fait du bien, son tube digestif ne s'habitue pas instantanément. Un lapereau qui a commencé à manger de l'herbe avec sa maman n'aura évidemment pas ce problème.

Pour compléter ce régime un peu pauvre en goût (le lapin y est plus sensible que nous!), prenez des laiterons, du panais sauvage, etc etc... Le laiteron pousse souvent en groupes plus ou moins compact; si vous coupez (sans arracher la racine), vous aurez plusieurs récoltes en une année, et les plantes reviendront l'année suivante. Ne coupez pas toujours au même endroit, afin de permettre aux plantes de refaire leurs réserves...
Des légumes et des fruits finissent de donner vitamines et minéraux: classiques feuilles de chou, disponibles tout l'hiver (attention, pas trop d'un coup à un lapin pas habitué, sinon diarrhée), betteraves fourragères, carottes, pommes... et toutes vos épluchures de ces mêmes plantes. Attention, le persil peut couper le lait des mères; à n'utiliser que pour les trop bonnes laitières qui ont encore les tétines pleines alors que les petits s'en désintéressent... Par contre il est très apprécié des lapins pour ses vertus rafraîchissantes et digestives.

Le "complément final" se compose de pain sec (classique), de céréales telles que de l'avoine, de l'orge... Les besoins sont très faibles (de l'ordre de 50-100gr par animal et par jour pour les grandes races), donc faîtes attention à ne pas surdoser. Il vaut mieux que le lapin se gave d'herbe, plutôt que de pain! Sinon vous en ferez un gros machin au fanon qui traîne par terre, et qui risque la crise cardiaque... pour les femelles, la fertilité s'en ressent (risque non négligeable d'avortement ou de morts-nés...)

Des études scientifiques ont prouvé que les animaux ne sont pas des idiots: si vous leur mettez à disposition des compléments minéraux, ils ne consommeront que ce dont ils ont réellement besoin. (S'ils se gavent de pain, c'est par gourmandise et par ennui, pour ronger quelque chose... comme nous grignotons sans faim devant la télé...) Mettre à disposition de chaque animal un bloc lui permet de consommer ce dont il a besoin. Une amie met même du souffre en poudre, mélangé à d'autres ingrédients, en libre-service dans le fond d'une augette. L'animal lèche ce dont il a besoin, pour tuer ses vers intestinaux, entre autre, mais aussi pour entretenir le pelage... Un éleveur de lapins (bio) donne lui du sel de Guérande mêlé à de la poudre d'algues: les lapins prennent ce dont ils ont besoin.
La base de la pierre minérale (vendue dans le commerce), c'est de la chaux... Vous pouvez très bien "couler" de telles pierres chez vous (utilisez des bols en plastique comme moules). Vous pouvez y ajouter des compléments chimiques, mais sachez qu'au bout de quelques mois à... quelques jours, la majorité ne sera plus réellement efficace car ils sont volatils. Préférez utiliser des ingrédients naturellement riches en minéraux divers. Par exemple vous pouvez faire une pierre dans laquelle vous coulez des coquilles d'huîtres et/ou de moules broyées, de l'algue séchée et broyée (ou en petits morceaux)... Vous pouvez ramasser tout ça en allant à la plage. Sinon vous pouvez faire une pierre dans laquelle vous coulez de la prêle séchée et hachée, du foin d'ortie pulvérisé...
C'est selon vos moyens (près de la mer...) et votre inspiration!
Sachez que plus vous donnez de choix aux animaux, plus ils seront en forme, car ils équilibreront d'eux-même leurs minéraux.



J'ai failli oublier un point d'une évidence telle... qu'on l'ignore souvent: l'eau.
Un lapin boit. Si si. Il boit peu en général, car son alimentation de plantes fournit une grande majorité de l'eau dont il a besoin. En cas de chaleur, ou d'allaitement, un lapin peut boire jusqu'à un litre d'eau par jour!!!
Laissez donc toujours de l'eau à disposition, de préférence dans un bibi ou dans une gamelle en métal (laissez tomber le plastique, les lapins sont des lagomorphes, cousins des rongeurs, et ça se voit...) Oubliez les auges, bols, et autres: il y a toujours des cochonneries dedans, et même en le changeant 2 fois par jour, l'eau est sale; le lapin risque d'attraper des maladies en buvant ce bouillon.




La nourriture n'est rien sans l'hygiène de vie qui va avec.
Brièvement, l'animal doit être dans un endroit propre, quel qu'il soit; il ne doit jamais patauger dans son urine et ses excréments. La litière doit être soit fine et renouvelée souvent, soit épaissie à chaque visite pour laisser le lapin hors du contact humide de la litière sale; cette litière "profonde" doit être changée en totalité (quand même) tous les mois environ; cette technique très pratique est difficilement applicable dans un clapier, car l'épaisseur de litière augmente vite... le lapin se trouve "plaqué" contre le plafond, sans pouvoir se lever pour s'étirer... Bof...
La vie en clapier, si elle permet d'élever des animaux avec "presque rien", n'est pas idéale pour le développement physique (et psychologique) des animaux. L'idéal est d'avoir un parc pour chaque groupe de reproduction. Evidemment, cette méthode demande beaucoup de place.

Pour ma part, je suis en train de construire mes "clapiers de rêve"... 

En attendant, mâles et femelles sont dans une grande pièce de dépendance, ouverte sur l'extérieur, avec une bonne litière. Des cachettes permettent aux 2 jeunes mâles de cohabiter sans heurts.

J'élèverai de la façon suivante:
  • Les "groupes de reproduction" seront ensemble, avec un parc extérieur (avec des jouets et cachettes) et un parc intérieur (qui abritera les nichoirs)
  • Les jeunes à l'engraissement seront installés dans des clapiers réunis, par groupe de sexe (les filles d'un côté, les garçons de l'autre).
  • Les futurs reproducteurs, par contre, rejoindront la "vie active" d'un groupe qui a accès à l'extérieur.
  • Je m'arrangerai pour toujours laisser un maximum de place (même en clapier) aux animaux. Des nichoirs, cachettes, des jeux, des branches et pierre minérales à ronger... Un lapin est plutôt casanier, et la claustration ne lui est pas désagréable si l'endroit répond à tous ses besoins. C'est ce que je m'efforcerai de faire dans mes clapiers auto-construits.

En parlant des clapiers: abandonnez ces clapiers en béton, posés dehors... Ils sont froids, humides, retiennent la condensation. Si vous vivez dans un endroit un peu humide, il vous faudrait mettre une tonne de litière pour que l'animal soit "à peu près bien". (Si vraiment vous n'avez que ça, mettez ces clapiers dans un bâtiment ouvert, comme une grange, bien exposés mais pas au soleil du midi... l'est est le mieux, l'ouest pas mal... là, vos lapins profiteront du climat "tempéré" du bâtiment, ça limitera l'humidité dans leurs maisons...)

Pour ma construction, je vais tenter le bois (en ossature, peint à la chaux avec des extraits de piment pour décourager le rongeage...), et le béton cellulaire si je peux me le permettre; sinon, j'utiliserai du béton de chaux-paille comme ragréage pour faire des sols étanches et ne craignant pas l'urine (avec un petit coup d'enduit en chaux hydraulique histoire d'être bien sûre). Je ne ferai pas de caillebotis car je rêve d'avoir des lapins rex... or ces animaux-là, à cause de leurs gênes qui leurs donnent ce poil si doux, on souvent la peau plus fine et plus fragile; marcher sur du grillage leur blesse rapidement le dessous des pattes; je préfère donc nettoyez plus souvent! (Ça me fera plus de fumier... *rire*)
Les portes seront classiques, en grillage afin de donner un maximum d'air et de lumière, sur une ossature bois. Dessus, je rajouterai racks à verdure, trémies pour complément, et bibi... un vrai self-service facile à remplir de l'extérieur. Ca sera utile car le mur où je vais appuyer les clapiers est grand... il pourra soutenir plus d'une trentaine de chambres!
Je n'ai même pas encore défini toutes les mesures de mes clapiers... Je posterai une fois que tous les plans seront OK...






En attendant, voici les schémas et idées concernant mon "immeuble à lapins"!
L'angle nord du hangar est occupé par un poulailler à "2 étages" qui permet de loger oies, canards (au sol) mais aussi poules (perchées au dessus de crottoirs, pour éviter de doucher les animaux en dessous!

Le mur est est couvert par une rangée de clapiers (j'ai mis 6 pour l'exemple).
Chaque clapier fait 75cm de profondeur, autant de haut, et 1m de largeur (environ: je verrai les côtes exactes en mesurant). Tous les clapiers voisins communiquent les uns avec les autres; sur les côtés, des petites portières "classiques" permettent quand on les ouvre de mettre plusieurs cases horizontales ensemble, par exemple pour un groupe de jeunes; en hauteur, des tuyaux transpercent le sol et sont équipés de bouchons; ouverts, ils permettent aux animaux de monter et de descendre, comme dans un terrier!
Tous les clapiers seront équipés de "hublots", des tranches de bouteilles scellées dans le mur afin d'apporter un maximum de luminosité dans chaque case.

Les clapiers du bas sont équipés chacun d'un tuyau qui traverse le mur, légèrement incliné vers l'extérieur. Ces tuyaux peuvent être fermés par des bouchons afin d'interdire la sortie. Chaque clapier (pas le pondoir!) permet donc de sortir dans un parc clôturé.
Etant donné le besoin d'espace des mères pour nicher, l'installation n'est pas prévue pour accepter autant de groupes de reproduction que de parcs, mais seulement moitié moins. Ainsi, une rotation est effectuée entre les parcs, laissant le temps aux parasites de mourir, et aux plantes de repousser.
Dans l'exemple, 6 clapiers de large (donc 6 parcs) permettent d'abriter confortablement 3 mâles reproducteurs, leurs petites femmes, et leurs bébés. Seule une grossesse "à risque" pourrait justifier de retirer une mère de son groupe de reproduction; dans ce cas, elle aurait une case, isolée, rien que pour elle et ses bébés. Mais normalement, les lapins sont des animaux sociables qui ne s'isolent qu'au moment d'allaiter, dans le nid. La vie sociale est au contraire importante pour faire des lapins moins peureux, moins hypersensibles, et donc qui profitent mieux de la nourriture.

Certains "clapiers" deviennent en fait des pondoirs/convoirs. C'est pratique de voir le nombre d'oeufs présent dans le nid d'un coup d'oeil, ou de pouvoir enfermer une poule qui couve sans la déplacer... Mes "clapiers-pondoirs" permettront aux volailles de pondre et de couver confortablement, tout en me laissant un plein accès et la possibilité de contrôler leurs allées et venues.

Les quelques clapiers présents sur l'autre mur (nord-ouest) serviront principalement pour l'engraissage, car ils n'ont pas d'accès à l'extérieur, et seront un poil moins clairs que ceux exposés à l'est... ils n'auront pas de hublots: exposés aux intempéries, ils feraient perdre trop de chaleur.

Bon, tout ça, c'est de la théorie, il va falloir maintenant appliquer!!! :-D

Aucun commentaire: